
Éloge funèbre d’un Médaillé de Saint-Hélène 1892
Chalons sur marne-09-01-1892
MARTIN Mathieu percepteur à la retraite , ancien officier de l ‘EMPIRE , chevalier de la légion d’honneur , médaillé de Saint Hélène , est mort hier , dans sa 100° années il était né en octobre 1792 et avait fait mes dernières campagnes de l ‘Empire . Il était en 1813 , a cette grande bataille de LEIPZIG ou l’armée française lutta trois jours entiers sans être entamée contre les forces réunies de l ‘Europe. Pendant la retraite avec Poniatowski et Macdonald , il traversa l’ ESTER a la nage et , plus heureux que le premier de ces maréchaux , échappa à la mort. A la dernière fête anniversaire de WAGRAM le colonel GOULARD avait été heureux de saluer au nom du 106° , ce survivant presque unique de nos grandes guerres. M.Martin laisse deux fils , l’un ingénieur principal , l’autre chef de section en retraite de la compagnie de chemin de l’est.
le 13-01-1892
Hier ont eu lieu en l église cathédrale les obsèques de M.Martin , l’iun des derniers survivants des médaillés de Saint-Hélène . Les honneurs militaires ont été rendus, devant la maison mortuaire par un piquet du 106°.
Le deuil était conduit par MM.Louis Martin , ingénieur en chef des chemins de fer de l’Est et Eugène Martin ,ancien chef de section . MM Franciéres, batier ; Pere Marguet et Labrusse, tenaient les coins du poêle.
Un grand nombre d Officier en activité ou en retraite , le personnel du chemin de fer , etc… etc… suivaient le cercueil.
Sur la tombe un ami de la famille a prononcé le discours suivant:
Messieurs,
C’est avec une voix plus autorisé que la mienne qui devrait faire éloge de celui que le regretté colonel de Goulard présentait au mois de juillet dernier à la fête du régiment à l’administration de l’armée comme un des derniers témoins de nos vieilles gloires nationales.
Son existence fut aussi noble que simple. Qui ne souhaiterais pareille vie , embrassant un siècle entier sans défaillance,sans infirmités.
Né en Bourgogne le 11 octobre 1792 , M.Martin entre à l’armée à 19 ans et conquiert en quelques mois le grade de sergent-major;on veut le retenir dans les bureaux en raison de ses aptitudes pour la comptabilité , mais son ardeur patriotique lui fait demander de prendre une part active à ses luttes héroïques de l’épopée Napoléonienne.Bientôt nommé sous lieutenant , il fait les campagnes de hollande en 1812-1813 , se Saxe en 1813, de France en 1814, de Belgique en 1815. Blessé à Leipzig , il traversa encore un fleuve a la nage: il est décoré par l’EMPEREUR .
Licencié après la chute de Napoléon , il est quelque temps après nommé percepteur et remplis honorablement ces fonctions jusqu’en 1862 , ayant alors 50 ans de services publics dont 5 campagnes.
Sa longue carrière sans tache n’a pas été exempte d’épreuves ; il les ç toutes vaillamment supportés , la dernière à été la mort d’un de ces petits-fils subitement enlever à un père éploré et à l’affection sincère de tous ceux qui le connaissaient, au moment même de sa nomination au grade d’officier de réserve .
Mais M.Martin à eu la satisfaction de conserver ses deux fils dont il pouvait être fier à si juste titre,qui ont fait son bonheur et le pleurent aujourd’hui.
Puissent-ils trouver un peu de consolation dans les témoignages unanimes et de regrets que nous apportons ici à la mémoire de leur vénéré père.
La famille M.Martin conserve précieusement manuscrits ou l’ ancien soldat à raconté les phases de sa vie militaire.L’un de ces manuscrits date de quelques années à peine;l’auteur était ,quand il écrivit,plus que nonagénaire et l’ont est étonné de sa fermeté de main et de la précision de ses souvenirs.
Ont peut l’y suivre , étape par étape de DIJON à ULTRECHT , puis à BREME et de là en SAXE et en SILESIE, ou il assiste aux victoires de LUTZEN et de BAUIZEN , et aux journée , moins heureuses , de la SAITXBACH et de LEIPZIG .
Il décrit en quelques ligne les miséres de la retraite sur ERFURT et sur le RHIN , puis la merveilleuse campagne de 1814 , qui commence pour lui à Chalons sur marne Michel Ney (1769-1815), et qui se termine par les brillantes victoires de NANGIS et MONTEREAU .
En 1815 , il assiste en Belgique aux combats de LIGNY et de WAVRE .Ses chefs pendant cette carrière militaire courte mais bien remplie , sont tour à tour LAURISTON , le PRINCE EUGENE ,MacDONALD , VANDAMME.
On voit quelle provision de souvenirs , il avait amassée et dans quel drame grandiose il avait été acteur et témoin.
Éloge retranscrite du Journal Marne @Gruson Eric