THIBAUT I, DIT LE VIEUX ET LE TRICHEUR
Premier COMTE DE BLOIS
THIBAUT, surnommé LE VIEUX, parce qu’il vécut près de cent ans, et LE TRICHEUR, ou LE FOURBE, à cause des ruses dont il se servait pour s’agrandir, et DE MONTAIGU, du nom d’une terre du Laonnais, qui lui fut donnée par Hugues le Grand, duc de France, paraît être le premier qui ait pris le titre de comte de Blois et de Chartres. Il y ajouta encore celui de comte du palais, dignité qui était abolie depuis longtemps en France, et dont on ne voit pas de vestige dans ce royaume depuis Charles le Chauve, suivant M. Schoepflin. (1)
Ce fut très-vraisemblablement un simple titre d’honneur; car il n’y a pas de preuve qu’il en ait fait aucun exercice. Quoi qu’il en soit, le roi Raoul le qualifie ainsi lui-même dans le diplôme qu’il lui accorda pour permettre aux religieux qui desservaient l’église de Saint-Calais, dans le château de Blois, de passer dans celle de Saint-Lubin, au-dessous du même château : c’est aujourd’hui Saint-Laumer. (Bernier. ) Il était fils, suivant l’annaliste de Saint-Bertin, de Gerlon, proche parent (consanguineus) de Rollon, qui devint le premier duc de Normandie ; et ce Gerlon est le même que Thiébolt ou Thibaut, qui acheta, comme on l’a dit, vers l’an 89o, d’Hasting, son compatriote, le comté de Chartres, que lui vendit celui-ci pour retourner dans son pays.
Thibaut étendit ses domaines jusques dans la Champagne ; et c’est la raison pourquoi il est appelé Champenois, Campaniensis, dans quelques chroniques. Il était de plus propriétaire du comté de Beauvais et d’une partie du Berri. , Thibaut, en 945, il épousa LEUTGARDE , veuve de Guillaume Longue-épée, duc de Normandie, fille d’Herbert II, comte de Vermandois.
Elle apporta en dot les terres de Juziers , Fontenay-Saint-Père, et Limay ; le tout situé entre Mantes et Meulent, dont elle fit don à l’abbaye de Saint-Père. (source 2) En parlant de ces terres, elle dit les avoir reçues d’Herbert, son père, in haereditatem.
Les filles, quoi qu’en dise M. Hénaut, héritaient donc alors de leurs pères. Cette alliance engagea Thibaut dans toutes les guerres que les comtes de Vermandois et Hugues le Grand, duc de France eurent avec le roi Louis d’Outremer. L’an 945, Hugues l Grand ayant retiré ce prince des mains des Normands, le remet dans celles de Thibaut, qui lui fit essuyer une nouvelle captativité. Le comte, en rendant, l’année suivante, la liberté au monarque , se fit céder la ville de Laon par manière de rançon; mais il ne la garda pas longtemps.
Thibaut prit le parti de Hugues, fils d’Herbert, contre Artaut, son concurrent, pour l’archevêché de Reims. Il ravagea les terres de cette église, et s’attira par-là l’excommunication d’un concile de Metz. Sous la minorité du roi Lothaire, s’étant brouillé avec Richard , duc de Normandie, il engagea le roi à lui tendre des embûches, et à tâcher de le surprendre, afin de lui enlever son duché : conseil que le monarque se repentit fort d’avoir suivi. On ignore l’année de la mort de Thibaut.
Il eut de son mariage plusieurs enfants, dont les principaux sont Eudes, qui suit; Thibaut, qui fut tué, l’an 962, dans une bataille, près de Chartres, contre les Normands;
Hugues, archevêque de Bourges : Emme , mariée à Guillaume II, comte de Poitiers.
A ces enfants, Duchêne ajoute Hildegarde, femme de Bouchard de Montmorency, seigneur de Brai-sur-Seine, chef de l’illustre maison de Montmorency.
Le roman de Rou fait de Thibaut le portrait suivant, qui nous paraît tiré d’après nature. Le lecteur en jugera.
Leutgarde survécut à son époux, comme le prouvent divers actes, et entre autres une charte par laquelle elle donne à SaintMartin de Tours divers fonds, dont une partie était située dans le territoire de Troyes, pour le repos des âmes du comte Thibaut, son mari, de Richilde, sa belle-mère, et de l’archevêque Richard, son beau-frère , Leutgarde fut enterrée au monastère de Saint-Père
de Chartres, dont elle était une insigne bienfaitrice. ( 2 col, 57.)
<<<<< 1102-1125 Eudes I°, II° comte de Blois et de Champagne
Source 1 :(Acta Acad. Palat. , T. II, p. 187.)
Source 2 :Philippe Labbe, Tableaux généalogie de la maison royale de France, p. 579
Source 3 : Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique de France De D. L. C. D. B.
Souce 4 : Histoire des Pairs