1201-1253 Thibaut IV – dit le Chansonnier ou le Posthume

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Thibaut IV

 dit le Chansonnier ou le Posthume

XII° Comte de Champagne

 

L’an 12o1, THIBAUT IV, fils posthume de Thibaut III, comte de Champagne, commence à régner, en naissant, sous la tutelle de Blanche de Navarre, sa mère. Cette princesse , l’an 1212 , ayant assemblé les barons et les autres vassaux de Champagne, ‘ fait , de leur consentement, un statut portant que dorénavant, au défaut de mâles dans une famille noble, l’aînée des filles héritera du château et de la forteresse du fief, ainsi que de la justice, privativement à ses autres sœurs. Elle règle de plus que , si quelque noble, ayant donné cartel à un autre pour vider une querelle par le duel , vient à mourir avant le jour marqué, son héritier pourra suivre cette action, ou nommer un autre pour le remplacer. (Chantereau le Fevre, de l’Origine des Fiess,)

– L’an 1215 fut le commencement d’une grande querelle. Erard de Brienne, seigneur de Rameru , au nom de Philippine, son épouse, tante de Thibaut, disputa au jeune comte ses états , d’abord par la voie de la justice. La cour des pairs, à laquelle fut porté le procès, déclara, par arrêt provisoire rendu à Melun, dans le mois de juillet 12 16, le roi présent, que, suivant le droit commun du royaume, celui qui a été saisi ou investi d’un fief par le suzerain légitime, doit y être maintenu provisionnelle-ment ; que Thibaut et Blanche, sa mère, comme ayant le bail et la garde-noble de son fils, étant légitimement saisis et investis du fief, la femme d’Erard de Brienne n’est pas admissible à l’hommage. « Ce jugement, dit un moderne, est d’autant » plus précieux, qu’il décide que les femmes, quoique admissibles aux fiefs, même de dignité, à l’extinction des mâles , « n’y succèdent pas concurremment avec eux. »

La réflexion serait plus juste, si Thibaut et sa mère ne s’étaient point prévalus de la donation du comte Henri II en faveur de Thibaut III , son frère. Erard et sa femme parurent se soumettre à la décision des pairs ; mais ce ne fut qu’afin d’avoir le loisir de rassembler des forces pour faire valoir leurs prétentions par la voie des armes.

En effet, ils firent sourdement une puissante ligue pour dépouiller le jeune comte. Blanche défendit avec courage le patrimoine de son fils, et réduisit à la fin Erard à se désister de ses rétentions par un traité fait au mois de novembre 122 1.Ce fut durant cette guerre que Blanche et Thibaut donnèrent, l’an 12 18, à Simon de Joinville, le 31 mai, pour lui et ses héritiers, la charge de sénéchal de Champagne.

Thibaut, l’an 122o, fait serment au roi de le servir bien et fidèlement comme son seigneur-lige, tant qu’il lui sera droit en sa cour : Quamdiù ipse mihi rectum faciet curiœ suae per judicium eorum qui me possunt et debent judicare. (Brussel, Usage des Fiefs, t. I, p. 549.)

Tel était le droit des vassaux, comme on l’a déjà remarqué ailleurs, qu’ils pouvaient sortir de l’hommage de leur suzerain, fût-ce le roi lui-même, lorsqu’il refusait de faire droit sur les plaintes qu’ils lui portaient, ce qui s’appelait vèer justice.

 

L’an 1221 , Philippe Auguste, avec l’agrément de Blanche et de son fils, impose le vingtième dans les terres de Champagne pour les frais de la guerre contre les Albigeois. Nous avons ses lettres-patentées datées de Melun, par lesquelles il déclare que cette imposition ne doit pas tirer à conséquence ni passer en coutume : Ad nullam nobis nec haeredibus nostris trahemus consequentiam vel consuetudinem.

Thibaut avait acquis, l’an 1225, le comté de Bar- sur-Seine de Laurence et de Pétronille , héritières du comte Milon III. Deux ans après, Elissende, veuve de Milon , lui vendit le droit qu’elle avait à ce comté par son douaire. (Voy. les comtes de Bar-sur-Seine.) Le roi Louis VIII, en montant sur le trône, forma le dessein d’enlever à l’Angleterre les provinces qu’elle possédait en de-çà de la mer.

Le comte de Champagne étant entré dans ses vues , l’accompagna dans l’expédition qu’il fit au-delà de la Loire, et se trouva au siège de la Rochelle, qui se rendit par capitulation au commencement d’août 1224 ( Math. Paris, Guil. Nangis , ad hunc an. )

 

La noblesse de Champagne n’avait pas encore de loi fixe pour le partage des biens entre les enfants mâles d’une même famille. Thibaut , ayant assemblé ses barons et châtelains, fit, de leur consentement, le jour de Noel 1224, un règlement qui adjugeait , avant le partage, à l’aîné le principal fief avec certaines limitations (1).

(1) Voici ce réglement 

Thibaut accompagna , l’an 1225, le roi Louis VIII au siège d’Avignon. Mais, ennuyé de la longueur de l’expédition , il se retire après les quarante jours de service qu’il devait au roi comme son vassal. Louis, qui avait besoin de lui pour venir à bout de son entreprise, s’offense de sa retraite , et jure de s’en venger. Mais ce monarque meurt de la dysenterie quelque temps après et le comte de Champagne est accusé sans fondement de l’avoir empoisonné.

Le préjugé contre lui était si fort, que, s’étant mis en route pour le sacre de Louis IX, il reçut défense d’y assister, et fut contraint de s’en retourner. La comtesse, sa femme , ne laissa pas d’être de la fête , et y disputa à la comtesse de Flandre, dont le mari était prisonnier au Louvre , l’honneur de porter l’épée devant le roi. ( Voy. Jeanne, comtesse de Flandre. )

Thibaut, sensible à l’affront qu’il venait de recevoir , entra dans le parti des seigneurs mécontents du gouvernement Mais la reine Blanche , régente du royaume, aussi habile que chaste , dit M. Bossuet, se servit adroitement de la passion que Thibaut lui témoignait, pour le retirer de cette ligue et l’engager dans les intérêts du roi. Il fut bien récompensé de ce retour de fidélité, par la protection que le roi et la reine lui accordèrent contre ses propres ennemis. Erard de Brienne et sa femme, qui avaient recommencé le procès pour la Champagne, furent obligés de se désister une seconde fois de leurs poursuites, moyennant certaines terres et rentes qu’il leur assigna, comme on le voit par les lettres-patentes qu’ils lui donnèrent à ce sujet dans le mois d’août 1227. ( Liber principum, fol. 522, r° et v°. )

Ce ne furent pas les seuls au reste qui lui contestèrent ses comtés. Alix , reine de Chypre et fille aînée du comte Henri II, vint exprès en France pour réclamer cette succession. Thibaut lui opposait deux moyens :

1° la donation de Henri II , faite à son père

2° l’illégalité de la naissance d’Alix, attendu que le mariage de Henri et d’Isabelle, dont elle était sortie, s’était fait du vivant d’Humphroi, premier mari d’Isabelle.

Mais si la justice se refusait à la demande d’Alix, les conjonctures lui étaient favorables. Un grand nombre de seigneurs se déclarèrent pour cette princesse. La haine de ceux que Thibaut avait pour ennemis dans cette affaire, partait d’un principe qu’ils n’osaient avouer. Indisposés contre le gouvernement , et résolus d’en traverser les opérations, ils avaient comploté d’engager irrévocablement dans leur parti le comte Thibaut , en lui faisant épouser la fille de Pierre Mauclerc, comte de Bretagne, le plus grand brouillon qu’il y eût alors dans l’état.

 

Thibaut ayant consenti à ce mariage , la princesse fut amenée à l’abbaye du Val-secret , près de Château-Thierry, où la cérémonie devait se faire. Déjà il était parti de Château-Thierry pour aller la trouver, lorsqu’il reçut une défense du roi de consommer cette alliance.

val-secret

Le comte de Champagne obéit, revint sur ses pas , et rétracta sa parole. Les seigneurs qui avaient noué l’intrigue , surent au désespoir de la voir rompue. Ils rassemblèrent toutes leurs forces pour en tirer vengeance, et firent entrer le duc de Bourgogne , Hugues IV , dans leur ligue. Ce dernier et Thibaut avaient des griefs réciproques l’un contre l’autre. Le duc, malgré la promesse qu’il avait faite au conte de Champagne, de ne point s’allier à la fille du comte de Dreux , ennemi de ce dernier, l’avait récemment épousée dans les premiers mois de l’an 1229.

Thibaut, soupçonnant Robert de la Tour, archevêque de Lyon, d’avoir été l’instigateur de ce mariage, trouva moyen, peu de tems après, de se venger du prélat. Informé que Robert, peut – être au retour des noces, traversait ses terres, il le fit arrêter et conduire de château en château, les yeux bandés, pour qu’il ne reconnût pas les lieux où on le menait. Mais, avant que le scandale augmentât, Robert fut délivré par la généreuse adresse de Henri Il, comte de Bar-le-Duc, qui par là se fit un ennemi du comte de Champagne. Cependant les confédérés, dont les principaux chefs étaient les comtes de Boulogne, de Guines, de Saint-Pol et de † , auquel vinrent depuis se joindre le duc de Bourgogne et le comte de Bar , s’étaient réunis auprès de Saint – Florentin , d’où étant entrés dans la Champagne, ils y saccagèrent et brûlèrent tout ce qui se rencontra sur leur route.

Thibaut connut alors combien il est fâcheux pour un prince d’avoir perdu le cœur de ses sujets ; car les Champenois, par haine pour leur maître ; dit la chronique d’André, loin de le défendre, livrèrent eux-mêmes ses places. Il y eut plus , Thibaut lui-même fut obligé d’en brûler plusieurs, de peur qu’elles ne tombassent au pouvoir de l’ennemi. La ville de Troyes fut presque la seule qui se mit en état de défense. Les confédérés , instruits de sa résolution , et sachant que Simon, sire de Joinville et père de l’historien de saint Louis, y commandait, n’osèrent l’attaquer. Ils s’avançaient pour joindre le duc de Bourgogne qui venait à leur secours, lorsque saint Louis, après les avoir inutilement sommés de mettre bas les armes, vint fondre sur eux avec une armée.

Ce monarque les poussa de poste en poste jusque sur le territoire de Laigne ( et non pas de Langres, comme porte l’édition de Joinville par du Cange. ) Ce bourg, situé sur la frontière de Champagne et de Bourgogne, dans le Tonnerrois, appartenait au comte de Nevers, l’un des confédérés. Quelques – uns d’entre eux, du nombre desquels fut le comte de Nevers, firent la paix avec le comte de Champagne ; d’autres mirent le sujet de leur querelle en arbitrage.

 

Thibaut, dans cette guerre, eut deux alliés dont les secours lui furent très-utiles, Mathieu, duc de Lorrane, et Ferrand, comte de Flandre. Assisté du second, il prit sa revanche contre le comte de Saint-Pol dont il ravagea le payis. (Albéric. ) L’année suivante (125o), il transigea avec ce même allié touchant le droit de commander l’avant-garde de l’armée royale, Par le traité, qui fut conclu entre eux le samedi avant la Saint Barthélemi (17 août) , il fut convenu que dans l’expédition prochaine contre le comte ou le duc de Bretagne, celui de Flandre ferait une fois l’avant-garde et deux fois l’arrière-garde, comme avait fait précédemment le comte de Champagne.

La reine de Chypre voyant son parti diminuer, cessa, l’an 1234, ses poursuites, et laissa en paisible jouissance le comte, son neveu, par un accommodement fait au mois de septembre. Alix par ce traité céda ses prétentions à Thibaut moyennant une pension viagère de 2 mille livres , et 4o mille livres d’argent comptant. Ce fut saint Louis qui fournit cette dernière somme , pour laquelle Thibaut lui céda, par traité du 5 septembre 1254, le fief et la suzeraineté des comtés de Blois, de Chartres et de Sancerre, avec celle de la vicomté de Châteaudun.

Sanche VII, dit le Fort, roi de Navarre, étant mort la même année sans enfants , Thibaut , son neveu, par sa mère , lui succède ; et le 8 mai, il est proclamé roi dans la ville de Pampelune. Cet accroissement de fortune, loin de fixer l’inquiétude naturelle de Thibaut, ne servit au contraire, qu’à la mettre en mouvement. Thibaut, l’an 1535, se ligue contre saint Louis avec le duc de Bretagne, le comte de la Marche, et plusieurs autres grands du royaume, et cela dans la vue de recouvrer la suzeraineté des comtés ci-devant nommés.

Pour cimenter son alliance avec le duc de Bretagne, il maria Blanche, sa fille unique, qu’il avait eue d’Agnès , sa seconde femme, avec Jean, fils du duc et héritier de la Bretagne : mariage qu’il sit sans en avoir fait part au roi. Le monarque, apprenant qu’il avait pris les armes, marche à sa rencontre à la tête d’une armée. Thibaut, effrayé, lui envoie demander la paix ; et pour l’obtenir il lui remet deux places importantes, Brai-sur-Seine et Montereau-fault-Yonne, que saint-Louis rendit ensuite.

Avant cet événement Thibaut s’était retiré de la cour à cause d’un affront que lui attirèrent ses galanteries , qui déplaisaient à quelques seigneurs. Un jour qu’il entrait dans la salle où était la reine Blanche , Robert , frère du roi , lui fit jeter au visage par ses gens un fromage mou. On ajoute même que, pendant qu’il montait les degrés du palais, Robert avait fait attacher des haillons à ses habits , et donner ordre de couper la queue à son cheval.

 

Le mont-Aimé

 

Le comte de Champagne, honteux de ces affronts , prit le parti de s’éloigner, dans la crainte de se voir exposé à de nouvelles insultes; ce fut ce qui le porta à se réconcilier avec le comte de Bretagne. Thibaut, dit un ancien auteur , était partout haï, à cause de la mort du roi Louis VIII, que le bruit public ne cessait de lui imputer. La reine cependant et le roi, son fils, ne voulurent point laisser impunis les outrages que le comte de Champagne avait reçus à la cour. Les domestiques du comte d’Artois furent arrêtés, jugés et condamnés à mort. Mais le jugement ne fut point exécuté, Robert ayant demandé grâce pour les coupables, en avouant qu’ils n’avaient agi que pas ?

L’an 1259, on découvrit en Champagne des Albigeois. Ayant été arrêtés , leur procès fut promptement instruit, et leur condamnation prononcée sur leurs aveux. Le comte Thibaut fut présent avec sa cour, grand nombre de prélats et un peuple innombrable, au tragique spectacle de leur exécution, qui se fit le 13 mai de la même année, sur le Mont-Aimé, près de Vertus : cent quatre-vingt-trois de ces hérétiques y furent brulés vifs.

Le chef de ces malheureux, qui prenait le titre d’archevêque de Moran , avant leur supplice s’écria : Vous serez tous sauvés par l’absolution que je vous donne : je serai seul damné, parce que je n’ai personne au dessus de moi pour m’absoudre. (Rapine, Annal. ecclés. de Châlons.)

Albéric de Trois-Fontaines appelle cette affreuse exécution un holocauste très-grand et très-agréable à Dieu. Thibaut , dès l’an 1255, avait pris la croix pour la Terre Sainte avec plusieurs seigneurs , tels que les ducs de Bourgogne et de Bretagne, les comtes de Bar, de Monfort, de Vendôme.

Mais leur départ fut retardé par le pape Grégoire IX , qui voulait les employer à la défense de l’empereur Latin de Constantinople contre les Grecs ; à quoi ils ne voulurent point entendre. Enfin , l’an 1259, au mois d’août, Thibaut s’embarque à Marseille avec sa compagnie pour la Terre – Sainte. ( Sanut.) Cette expédition n’eut aucun succès par la division des chefs. Thibaut était de retour, à ce qu’il paraît, vers la fin de l’année suivante. A son retour il accorda à la ville de Troyes des lettres d’affranchissement, par lesquelles il lui permettait de s’é iger en commune sous un maire et des échevins de son choix.

L’an 1241 , il rendit hommage à l’évêque de Langres pour les villes de Bar-sur-Seine, de Bar-sur-Aube, de la Ferté-sur-Aube, de Nogent, de Chaumont, de Montigni en Bassigni, de Coiffi, la Châtellenie de ces lieux, et la garde de Molême. (Duch. Pr. de la M. de Bar-le-Duc, , p. 56; Gall. Christ., T. XII, p.664. )

Thibaut fit encore hommage, cette même année , au duc de Bourgogne pour le comté de Troyes. ( Pérard , p. 227.) Ce prince mourut, l’an 1253, à Pampelune, le 8 ou le 1o juillet , âgé de cinquante-trois ans. Il fut marié trois fois :

1°, l’an 122o, dans le mois de septembre au † tôt, à GERTRUDE DE DAGsBoURG , fille d’Albert, comte de et veuve de Thibaut I, duc de Lorraine, dont il fut séparé par sentence ecclésiastique ;

2°, l’an 1222, à Agnès, fille de Guichard IV , sire de Beaujeu , morte le 1 1 juillet 1251 , dont il eut une fille nommée Blanche, qui épousa, comme on l’a dit, Jean I, dit le Roux, duc de Bretagne

3°, l’an 1252, après s’être séparé d’Agnès, à MARGUERITE DE BoURBoN, fille d’Archam, baud VIII, dont il eut trois filles; Thibaut V; Pierre ou Perron, qui, ayant été accordé avec Amicie , fille unique de Pierre I de Courtenai, seigneur de Couches et de Mehun, il mourut avant l’accomplissement du mariage , et Henri III ; avec deux filles , Marguerite de Navarre, femme de Ferri III, duc de Lorraine, et Béatrix, qui épousa Hugues IV, duc de Bourgogne.

Le comte Thibaut, avant ces trois mariages, avait été fiancé, au mois d’août 1219, avec Marguerite, sœur d’Alexandre II, roi d’Ecosse.

On ignore les raisons qui firent manquer cette alliance. Ce prince avait une taille avantageuse, l’air noble, beaucoup d’adresse pour tous les exercices du temps. Ses aïeux lui avaient transmis leur ambition, leur fierté, leur esprit inquiet et remuant, leur magnificence , et leur libéralité. Son caractère était vif, inconstant , étourdi ; ses entreprises , presque toutes destituées de prudence, furent aussi presque toutes sans succès.

Son esprit, naturellement enjoué, fut poli par l’étude. Il cultiva surtout la poésie , ce qui lui fit donner le surnom de Faiseur de chansons , il fit même pour la reine des vers tendres, dit M. de Meaux, qu’il eut la s# de publier. Ajoutons qu’il les fit écrire avec le pinceau sur les murs de la grande salle de son palais de Provins.

Cependant M. de la Ravaillère, qui en a donné une édition en 1742 , soutient, dans ses lettres préliminaires, que Thibaut n’a point fait ces vers tendres pour la reine, et se flatte que M. Bossuet n’aurait pas parlé de la sorte s’il avait écrit depuis que les poésies de ce prince ont été publiées. Mais il est douteux que ce prélat se fût rendu aux raisons que l’éditeur apporte pour détourner ces chansons galantes , sans même en excepter aucune, vers un autre objet que la reine de France. Thibaut fit du bien et du mal aux églises.

L’hôtel Dieu de Provins

 

L’abbaye d’Argensoles, fondée en 1222, est l’ouvrage de sa mère et de lui. Les chapitres de Vitry et de Saint-Quiriace de Provins, l’hôtel Dieu de la même ville, et plusieurs monastères, le comptent parmi leurs bienfaiteurs. Mais l’an 1251, l’évêque de Meaux jeta un interdit sur les terres où se trouverait ce comte, à cause d’un péage qu’il levait sur les vassaux de son église ; et, l’an 1252, le concile de Sens lui adressa une monition canonique pour l’engager à lever la saisie qu’il avait faite des biens acquis par les clercs depuis quarante ans.

La chapelle de l’hôtel Dieu de Provins

 

La ville de Chaumont en Bassigni est une de celles qui eurent le plus à se louer de lui. L’an 1229 (V. S. ) , au mois de mars, il lui donna la coutume de Lorris pour se régir. (Liber principum, fol. 528, r°.) Ecueil, près de Reims , lui fut aussi redevable de sa commune, qu’il établit au mois d’août. (Ibidem, fol. 354, v°.) Vor. Philippe Hurepel, comte de Boulogne, et Matthieu II, duc de Lorraine.)

 

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