<<<
Il est le premier à s’intituler Comte de Champagne
L’an 1 o89 au plus tard , Hugues I°
fils de Thibaut I° , (ou III ), et d’Alix de Valois, succéda , soit à son père, soit à Eudes, son frère, dans le comté de Troyes, et non dans toute la Champagne.
On a de lui une charte datée de l’an 1101, dans laquelle il joint à la qualité de comte de Troyes celle de comte de Bar. ( Chifflet , S. Bern, gen. ill. ass., p. 527.) On peut insérer de là que Bar-sur-Aube lui appartenait du chef de sa mère. Il accompagna, l’an 1102, l’empereur Henri IV dans son expédition contre Robert II , comte de Flandre. Ce fut là vraisemblablement qu’il reçut deux profondes blessures, dont il parle dans deux chartes, l’une de 1 1 o5, l’autre de l’an 1 1 o4 , qui résistèrent longtemps à l’art des chirurgiens, et dont il regardait la guérison comme un miracle. ( Chifflet, ibid. , p. 569 et 57o.)
Hugues fut marié à :
1°) Constance, fille de Philippe I », roi de France, avec laquelle il fonda, l’an 11o2, le prieuré de Sainte-Vaubourg, près d’Attigni, pour Molême, et dont il fut séparé, l’an I 1o4, à cause de la parenté.
2°) Il épousa ensuite Elisabeth , sœur de Renaud III , comte de Bourgogne .
l’an 1o81. Il eut guerre , l’an 1o89 , on ne sait pas pour quel sujet, avec le roi Philippe I », qui, l’ayant pris, le fit mettre en prison. Il n’en sortit que par l’intervention de son père, et qu’après avoir promis d’être plus fidèle et donné des otages. ( Bouquet, T. XII, p. 2. )
Son père étant mort, il eut pour son partage le comté de Blois et de Chartres, avec plusieurs terres en Champagne , et le titre sans fonctions de comte palatin, qui était affecté à l’aîné de sa maison. Il devint si puissant, dit Guibert de Nogent, qu’il avait autant de châteaux qu’il y a de jours dans l’année. L’accroissement de sa puissance ne le fit point sortir des bornes de la soumission qu’il devait à son souverain.
Il tint fidèlement la parole qu’il avait donnée au roi Philippe, en sortant de prison, de le servir, dans toutes les rencontres, en bon et fidèle vassal. Ce monarque reçut une preuve éclatante de son zèle et de son attachement dans la conjuration que formèrent plusieurs seigneurs français pour le détrôner. Etienne ayant marché contre les rebelles , les battit, et tua de sa main Bougues fit trois voyages en Palestine, le premier l’an 1 1 15, le second l’an , 121 , et le troisième l’an 1 125 , comme le marque clairement Albéric, selon le P. Mabillon.
Ce fut alors qu’il se fit chevalier du Temple » ce qui lui attira, de la part de saint Bernard, une lettre par laquelle, supposant la pureté de ses motifs , il le félicite d’être devenu, de comte, simple chevalier – et pauvre, de riche qu’il était : Factus es ex comite miles, ex divite pauper.
Avant que de partir pour son troisième voyage , Hugues avait institué son neveu Thibaut héritier de son comté de Troyes, ou bien il le lui avait vendu , s’il en faut croire M. Pithou , dit le P. Chifflet. Sa seconde femme cependant mit au monde, quelques mois après son départ , un fils qui fut nommé Eudes ou Otton. Mais Hugues , dit Albéric, l’ayant appris, ne voulut jamais le reconnaître , sur ce que les médecins lui avaient dit qu’il était inhabile à la génération. Eudes, devenu grand, se retira à Champlitte, terre appartenante à sa mère , dans le comté de Bourgogne, dont il fut seigneur , et s’attacha au roi Louis VII , qu’il servit avec zèle et valeur dans ses différentes expéditions. L’empereur Frédéric I° », et sa femme Béatrix, lui donnèrent , en 1 166, les terres de Longei, de Quin· gei, et d’autres, dans le comté .
ETIENNE. .
| o , | . – | . . chard II, comte de Corbeil, qui s’était flatté de revenir triomphant du combat, et avec le titre de roi de France. (Suger.) Etienne sut un des premiers seigneurs qui se croisèrent pour la Terre-Sainte. Il partit au mois de septembre 1o96 avec Robert, duc de Normandie, et Robert, comte de Flandre , et prit sa route pour l’Italfe, où il passa l’hiver. Arrivé l’année suivante à Constantinople, il fut reçu avec une distinction marquée de l’empereur Alexis, qui lui offrit même plus d’une fois de prendre à sa cour un de ses fils, avee promesse de l’élever à l’une des premières dignités de l’empire. ( Hist. litt. de la France , T. IX, p.267.) Etienne et les autres croisés de sa division ayant joint le gros de l’armée chrétienne qui les précédait, eurent part à la conquête qu’elle fit, le 2o juin , 1o97 , de la ville de Nicée. La conduite que tint Etienne au siége de cette place , lui mérita l’honneur d’être établi, par tous les princes, chef du conseil de guerre , pour diriger toutes les opérations militaires. ( Ibid. ) Il ne tarda pas à justifier ce choix par la victoire que les croisés remportèrent, le premier juillet suivant, sur les Turcs, qui , malgré la supériorité du nombre , furent entièrement battus. Etienne marcha ensuite avec l’armée chrétienne de Bourgogne; mais il conserva toujours le nom de Champagne, De sa femme , Sibylle, fille de Josbert, vicomte de Dijon, il eut trois fils, dont l’aîné , de même nom que lui , et non moins brave , mourut à Constantinople, en 12o4 , laissant une fille, Odete, femme d’Oudin, châtelain de Gand ; le second, nommé Louis, mourut sans alliance ; Guillaume , le troisième , fut la souche des seigneurs de Pontallier. Le comte Hugues finit ses jours à la Terre – Sainte. On ignore l’année de sa mort. Ce fut lui qui donna à saint Bernard le
territoire de Clairvaux. Il est fondateur ou bienfaiteur de plusieurs autres monastères , entre-autres de l’abbaye de Trois-Fontaines, de celle de Sermaise ( aujourd’hui prieuré simple ), de celle de Cheminon : toutes les trois au diocèse de Châlons-sur-Marne.