
En marge de la première bataille de la Marne : Le Baizil
L’invasion et l’occupation d’un petit village de la brie champenoise…
Le Baizil ! Vous connaissez ? C’est un tout petit village de l’arrondissement d’Épernay, situé à environ 16 kilomètres de son chef lieu d’arrondissement et à 6 kilomètre de Montmort. Autrefois ce village était desservi par la ligne du CBR, dont il ne reste aujourd’hui que la petite gare….
C’est un village très ancien puisqu’il est mentionné dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Martin d’Épernay, en 1136, il dépendait de la coutume de Vitry
Nous sommes donc au Baizil, le jeudi 3 septembre 1914, vers 9 heure du matin. Les troupes françaises, obligées de reculer sous la pression allemande arrive au village avec l’intention de s’y reposer quelques jours et Monsieur le Maire, un ardent patriote s’empresse de faire le nécessaire avec ses administrés pour les accueillir. Ce fut en fait une chaleureuse réception, car dans ce petit village on est hospitaliers…
Hélas, le plaisir fut de courte durée. Durant la nuit du 3 au 4 septembre, alors que nos braves soldats reposaient tranquillement, l’ordre de se préparer à partir arriva, des éclaireurs ayant signalé l’avant-garde ennemie. Et dès 4 heures du matin de départ s’effectua « en bon ordre et à vive allure ».
Mais une autre surprise, beaucoup moins agréable, était réservée aux habitants. Vers 7 heures du matin, la présence proche de soldats allemands est signalée par des ouvriers. L’inquiétude commence à gagner, mais chacun, depuis Monsieur le Maire, le curé, jusqu’au plus humble citoyen, resta au village, vaillamment, attendant «les prussiens» de pieds fermes.
Vers 8 heures du matin, les hordes allemandes, composées de d’artillerie et d’infanterie entraient dans le village en, hurlant «le Deutschland übers alles » ‘(l’Allemagne au dessus de tout), au son des fifres.
Aussitôt dans le village, ces soudards le mirent en coupe réglé. Ils réquisitionnèrent des denrées alimentaires, du vin de Champagne, des chevaux, de l’avoine et tout ce qu’il enviaient. Ils exigeaient du pain, du vin, des œufs, du tabac, etc… ceci bien-sûr sans bourse délier.
Comme il faisait très chaud, les «boches» forcèrent les habitants à leur apporter des seaux d’eau, pendant que d’autres dévalisaient clapiers et poulaillers pour approvisionner leurs cuisines roulantes..
Puis, les choses empirèrent. Dans la nuit du 4 au 5 septembre, plusieurs de ses soudards firent irruption dans plusieurs maisons, terrorisant femmes, vieillards et enfants, tirant des coups de fusils dans les portes et fenêtres. Dans l’une de ces maisons , ils ont lâchement fusillé une pauvre femme mère de 8 enfants parce qu’elle voulu préserver ses filles pris à partie par des soldats avinés. Ailleurs ils forcèrent un vieillard à leur remettre son porte-monnaie contenant 70 francs. La nuit se continua horrible en vols, violences et vexations. Il faudrait des centaines de pages pour relater tous les méfaits commis par la horde teutonne cette nuit là et les jours suivants…
Heureusement, le 5 septembre après midi un message de Joffre annonce «que le moment était venu d’engager une bataille dont dépend le salut du pays» Les notre avaient dus se replier et organiser leur défense dans la région comprise entre Montmirail, Champenoise, au lieu-dit les Marais de Saint-Gond. C’est là que l’armée de France avait décidé de se mesurer à l’ennemi…
Les espérances des habitants du Baizil ne fut pas déçue. Après cinq jours de violent combats, l’armée française remportait la brillante Victoire de la Marne. .
le village ne fut donc occupé que du 4 au 11 septembre 1914, Huit jours très difficiles pour ses habitants, mais ceux-ci peuvent être fières, malgré ce qu’ils ont vécus, de ne pas avoir plié devant l’occupant…
Marcel Malette :
d’après l’ouvrage de l’Abbé Routhier « Un village de Brie champenoise sous la botte prussienne »)