
Un métier disparu
Un métier complètement disparu chez nous, celui de meulier…
Un métier complètement disparu dans notre secteur, celui de meulier… En travaillant mon arbre généalogique, j’ai remarqué que dans la période du dix-septième et dix-huitième siècles, beaucoup de mes ancêtres ainsi que leurs amis ou parents exerçaient le métier de meulier…
Il faut savoir que durant cette période, le village d’Ablois (aujourd’hui Saint Martin d’Ablois) était réputé pour ses meules à moulin. Il fut même l’un des trois centres principaux en Brie et Champagne occidentale dans ce secteur délimité par la Ferté-sous-Jouarre, Château-Thierry, Reims et Sézanne. Certains noms dans le village rappellent d’ailleurs cette activité : « La Ferme des meulières » située hors du village, sur la route de Saint Martin d’Ablois à Port àBinson (départementale 36), « l’Hôtel des trois Meules » rebaptisée Hôtel du Sourdon, « la Rue des Meulières »…
Ce fut essentiellement dans les forêts d’Enghien et d’Épernay que furent exploités, pendant des siècles, les bancs de meulières enfouis sous d’épaisses couches de sable. On procédait à leur recherche en sondant le sol d’une broche. Lorsqu’on repérait un bloc de meulière conséquent, on vérifiait l’état de la pierre, on traçait un cercle du diamètre de la future meule puis on dégageait une sorte de cylindre, devant fournir une ou deux meules, qu’il fallait sortir du banc en utilisant coin, levier, marteau, « cry » et « fuyel ». (On peut encore voir les larges trous de ces carrières dans la forêt autour de l’étang de Noire Fontaine)
La meule était ensuite redressée, calée et affinée : on la perçait au centre d’un œillard ; sa surface était nivelée avant d’être striée de rayons nécessaires à l’évacuation des farines. Ces meules étaient des pierres dures et raboteuses, taillées en rond qui servent à écraser les grains pour en séparer la farine. Elles mesuraient de 35 à 42 cm d’épaisseur et de 1m53 à 2m09 de diamètre, elles pesaient de 979 à 1223 kg. Il va sans dire qu’il s’agissait là d’un métier très pénible et fatiguant, qui demandait une force peu commune…
Les meules grises, blanches ou rouges façonnées à Saint Martin d’Ablois faisaient l’objet d’un négoce presque entièrement aux mains des marchands d’Épernay. Elles étaient ensuite transportées par roulage ou par voie d’eau (au départ de Port-à-Binson ou d’Épernay) et expédiées en Champagne et dans les provinces limitrophes.
@Marcel Malette