Ay

20 janvier 2015 0 Par lechampenois

Tout d’or revétu quand l’été vient à mourir, le petit plan d’Ay est un trésor qui livre ses bienfaits à qui sait les découvrir. Nous sommes sur les terres antiques d’agéius, agéiacum pour les latinistes.

Mélange de terre, de coteaux et de limons marnais.

Agéiacum tronqué par les affres des temps et des approximations.

Deux lettres “régal” des cruciverbistes et des amoureux de fins breuvages, de flacons précieux : Ay. Ay, un nom fameux pour qui sait se tenir à table. Depuis fort longtemps, bien avant les bulles, bien avant le champagne, le vin d’Ay avait la faveur des plus grands. François 1er, par exemple, en consommait pratiquement à tous les repas. Henry VIII d’Angleterre en faisait venir des caisses entières. Urbain II et Léon X, les papes même, en oubliaient modération et seraient venus sur les genoux pour en boire ne serait-ce qu’un verre.

Mais le plus célèbre d’entre ces hommes illustres, fut le bon Roi Henry, le 4ème. Le coup de foudre, puisque c’est de cela dont il est question, s’est produit en 1591-1592, lorsqu’il était en guerre contre la ligue catholique, la sainte ligue. Assurant le siège d’Epernay, il lui fut amené, par hasard, un flacon provenant des vignes d’Ay.

Bienfait du destin ! Dès la première gorgée le charme s’est opéré. Fin, léger et vif en bouche, le liquide sut étancher la soif du souverain et titiller ses papilles. Henry IV fit alors quérir dans l’instant quelques informations sur la provenance de ce vin. « Il vient d’Ay sir !!! » Soit, la cause était entendue. De là, la tradition populaire prend le pas sur l’histoire. « Alors, que de ce vin, ma table soit toujours dressée » aurait ordonné le roi.

A cette fin, un pressoir lui aurait été dédié. Pressoir conservé depuis au sein de la commune comme témoin des vieilles amours du roi de France et de Navarre qui aimait dit-on se faire appeler également : Sir d’Ay.

A coup sûr aujourd’hui le bon souverain, épicurien devant l’éternel, aurait aimé le nouveau vin d’Ay, le champagne.

Dom Pérignon et les siens étant passés par là, c’est autour de quelques bulles qu’Henry aurait compté fleurette à ses multiples compagnes. Les bons petits plans d’Ay…