Etoges

Etoges

20 janvier 2015 0 Par lechampenois

Le nom d’Etoges vient de Stogiae c’est-à-dire établissement rural ou ferme en vieux français.

Pourtant le bâtiment le plus important, du village n’a rien d’une grange : c’est un château. Magnifique, du 17ème, il trône superbe à quelques encablures de son frère Montmortais. Un château d’autant plus remarquable qu’il est situé sur un axe de communication important.

Devenu hôtel de prestige aujourd’hui, ses murs pourraient raconter bien des histoires. Notamment celle qui se déroula pendant la révolution. 1780-90 : les nobles et les gens d’église n’étant plus en odeur de sainteté, les choses changent. Notamment au château. Le propriétaire n’étant autre que le valet de pied du roi louis XVI, on lui montra gentiment la sortie. D’ailleurs au passage, sachez que le roi Louis y fit une halte durant sa fuite à Varenne en 1791. Bref, le fait est que le roi n’est plus, et encore moins son valet, à Etoges.

Le domaine fut alors mis en vente et racheté aussi sec par quelques roturiers de la région. Puis en 1794 par hasard, deux des plus illustres révolutionnaires de l’époque : Saint Juste et Lebas, viennent à traverser le village. (Décidément, c’est une manie pour les grosses légumes). Ils s’y arrêtent et y passent la nuit. Au petit jour, bien décidés à reprendre leur route, ils grimpent dans leur luxueux carrosse. (On a beau être révolutionnaire, on aime quand même son petit confort).

C’est à ce moment précis, juste avant de partir donc, que nos deux citoyens se font apostropher par un homme du cru. Fruste, mal habillé, pieds nus, il dénote fortement avec les riches atours de nos révolutionnaires. Mais ce n’est pas pour autant que le goyeur se démonte. Non ! Il questionne Saint Juste et lebat en toute simplicité, comme il l’aurait fait avec le premier maquignon venu. Une interpellation qui, loin de rebuter  » les grandes gens « , les séduits. Ils prennent sous leurs ailes l’étogien.

Ils finissent même par le nommer préfet pour la Marne et les Ardennes an II, 23 germinal. (Rien que ça.) Une décision qui, si elle n’était inscrite dans les registres, pourrait paraître complètement farfelue. Alors pourquoi ? Seraient-ils tombés dans la 4ème dimension ou alors ont-ils été touchés par la simplicité du bonhomme dans cette période où tout raffinement, même d’esprit, était suspect. En tout cas le fait est que préfet il fut.

Tyrannique, pointilleux à l’extrême, despotique et borné. Les quelques semaines de son activité restèrent pendant longtemps dans les mémoires comme les heures les plus sombres de la révolution champenoise. Celles où la veuve tomba plus d’une fois sans réel motif.

il ne fallut pas longtemps pour qu’il soit lui-même arrêté sans que l’ont put lui imputé aucun crime qu’il n’ait lui, même personnllement ordonné  puis repartit rejoindre ses moutons le 27 Juillet 1794 .

 

Il s’appelait  Lambert, le berger d’Etoges celui qui etais devenu préfet de la Marne et des Ardennes…

Au tribunal révolutionnaire
10 floréal an II. Séance du 6. — Président : Ad. Lambert.

— Présentation du citoyen Lambert, berger et maire d’Etoges, que le Comité de Salut public avait, connaissant sou patriotisme et sa probité, appelé à Paris comme juré au Tribunal révolutionnaire : il refusa vu son ignorance de lire, et fut alors nommé surveillant du département de la Marne et des Ardennes, au traitement de 3,000 livres, pour constater les abus dont les cultivateurs auraient été les victimes, dénoncer les aristocrates, rechercher les causes de la diminution des troupeaux et des incendies fréquents des forêts.

— Réclamation en faveur d’un colporteur incarcéré pour avoir distribué des almanachs réactionnaires sans le savoir.

— Dénonciations contre un agent des vivres et un officier de gendarmerie.