Hautvillers

Hautvillers

20 janvier 2015 0 Par lechampenois

A propos d’Hautvillers, il y a bien des choses à dire. C’est vrai ! Je pourrais vous parler de la célèbre Abbaye. Des petites ruelles qui taillent de front le célèbre coteau, des enluminures de fer forgé : traces d’une tradition champenoise trop souvent oubliée au profit d’hectolitres et de bouteilles.

Je pourrais également vous compter l’histoire de Dom Pérignon, le bon moine qui dans son laboratoire, le plus souvent à la bougie, a élaboré la méthode champenoise. Personnage étrange. Il cristallise encore aujourd’hui, bien longtemps après sa mort en 1715, bon nombre de mythes, du moins de questions.

Tout d’abord sa date de naissance ? 1638 comme le soleil son roi, 1639, 1640 ? Personne ne sait. A-t-il inventé seul le fameux breuvage aux fines bulles ? Certainement pas. Certes, il y a contribué incontestablement. Mais le considérer comme unique détenteur de la prime découverte, serait un affront que l’abbé lui-même n’aurait pas accepté. Cela reviendrait à balayer d’un revers de langue ou de plume les travaux de son ami, de son fils spirituel : le frère Houdard de Pierry.

Non l’icône n’en est pas une. Je pourrais vous parler également de Sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin. Sainte-Hélène dont les reliques sont conservées jalousement au village, après moult et moult péripéties. N’oublions pas non plus Adolphe Didron archéologue de génie fils d’Hautvillers et auteur des 87 volumes des annales archéologiques, ouvrage qui fait encore référence. Il est vrai que de tout cela il faudrait parler, d’ailleurs bon nombre de livres le font.

Mais en tout cas pour moi, on ne peut résumer Hautvillers à une suite de dates et de noms aussi prestigieux soient-ils. Non ce qui fait l’âme et donc le destin de notre commune se trouve ailleurs, à l’origine. Hautvillers, halta villaré, un nom qui n’est pas sans innocence ni conséquence. Les spécialistes estiment la création de l’Abbaye au 7ème siècle.

La légende voudrait qu’elle fut fondée par Saint Nivard suivant le vol d’une colombe. Assurément ce ne sont ni les colombes ni les vignes qui expliquent cette situation.

Hautvillers, le haut village, utilisa le coteau comme protection naturelle. Si la vallée de la Marne laisse par essence courir l’onde claire, elle a aussi pendant des siècles laisser filer les invasions. Une véritable autoroute barbare, un entonnoir. Alors pour protéger leurs biens les moines se sont perchés. Là, à l’abri ils ont prospéré, l’Abbaye rayonna. Mais le coteau lui garde encore les traces de cette époque.

Notamment le passage dit du chemin des morts, un chemin que durent emprunter bon nombre d’habitants dans bas, de la vallée pour ensevelir leurs défunts tombés aux invasions.

Finalement la magie à Hautvillers c’est peut être avoir fait du vin blanc sur un coteau gorgé de sang.