
Boursault
Le nom du village de Boursault reste assez mystérieux pour les spécialistes.
Ne nous sont parvenues, des âges, que deux interprétations assez vagues : bourrelet de terre ou lieu des sources. Pour autant ce que les mots ne sauraient dire ce sont ici les pierres qui nous l’apprennent. Depuis la rive droite de la Marne, il nous est pratiquement invisible. Non !
Son élégance ne peut s’entre apercevoir que de loin, du moins avec un peu de recul. Joyau pratiquement caché et pourtant si imposant : Boursault et son fameux château. Une immense bâtisse, à la toiture hérissée d’une multitude de petits chapiteaux. Une demeure dont l’allure gracile mais à la fois massive, ne dénoterait pas sur les rives d’une autre rivière : la Loire. Une bâtisse aujourd’hui domaine privé mais un véritable lieu d’histoire locale. Tout commence au moyen-âge quand la famille d’Anglure, propriétaire du village, fait construire une puissante forteresse à cet endroit. Le but est bien sûr de protéger leurs terres mais également de rivaliser avec les « de Chastillons » de l’autre côté de la rive, l’autre grande lignée de la vallée.
C’était à celui qui aurait la plus grosse… des forteresses ! (Concours ridicule lorsque le riche prouve sa virilité sur le dos de ses sujets). Orgueilleuse, la citadelle de Boursault résiste ainsi au temps et aux assauts. Et puis viennent les heures sombres des guerres de religions. Après une attaque sans doute plus violente que les autres, les remparts cèdent et le feu termine l’ouvrage.
La citadelle tombe donc, et avec elle les possessions des Anglure dans la vallée. Il faudra attendre le 19ème pour reparler de château à Boursault. Dans les années 1820 et des bananes, Louis de Chevignés, beau-fils de la Veuve Cliquot, veut un château. (Bah oui, le pauvre petit chou ! il n’en avait pas.) Du coup sa riche belle-mère qui ne pouvait rien lui refuser, lui offre une petite maison bourgeoise dans un petit village où elle avait des vignes : à Boursault. Là, les fêtes, les réceptions vont bon train, Louis reçoit et dépense beaucoup. Mais voilà ! Ce n’était toujours pas suffisant, pas assez de chambres, pas assez d’espace, pas assez de jardins.
Louis se trouvait à l’étroit pour faire la » chouille » (comme l’on dit chez nous). Du coup il est allé en causer à belle-maman. Aussitôt dit, aussitôt fait, la veuve débauche l’un des meilleurs architectes du coin : Arveuf. Arveuf, qui au passage, était en train de rénover la cathédrale de Reims.
Mais bon, le froissement des billets est parfois plus puissant que les impénétrables silences du saint lieu. Son boulot : réaliser à Boursault un petit Chambort. Tout simplement ! Première pierre en 1843 et après 365 ouvertures, pratiquement un hectare de toiture et 5 petites années, s’en était fini.
Et depuis il trône, superbe, sur toute la vallée. Le château de Boursault, joyau des bords de Marne, histoire d’un beau fils à maman.