Crugny

Crugny

2 janvier 2011 0 Par lechampenois

C’est à Crugny Cruciniacum en latin, c’st-à-dire le domaine de Crunius, c’est dans ce petit village de la vallée de l’Ardre que s’est déroulée en ce mois d’avril 1917, l’une des pires tragédies de la grande guerre.

Tout commence en fait un peu plus loin au Chemin des Dames. Là depuis trois ans, les Allemands résistent aux assauts successifs des Poilus. Le général Nivel décide de solder les comptes une bonne fois pour toutes le 16 avril. Il met alors en branle la 4ème, la 15ème et la 10ème armée. Il veut en finir avec la politique des offensifs petits bras, il veut faire une percée.

Résultats : les pertes sont innombrables 30 000 tués, 84 000 blessés, 20 000 prisonniers et le moral des troupes eSt au plus bas. Dirigés par des officiers incapables et une stratégie meurtrière, les soldats commencent à contester les ordres sur le champ de batailles. Alors on les met « au repos ». Le général Duchesne commandant la 10ème armée, décide de rediriger ses hommes à l’arrière à Crugny.

 

Mais loin de les calmer, ce répit ne fait qu’envenimer les choses, une mutinerie commence. Une mutinerie qui selon certains aurait abouti à des exécutions sommaires, pour l’exemple. Pourtant les archives de l’armée ouvertes récemment n’en font nulle part mention. Alors comment saiton tout ça ? À Crugny, on l’a su dès les années 70 grâce à une lettre.

Une lettre qu’un soldat de l’époque avait adressée à la mairie sans doute pour soulager sa conscience. En voici quelques extraits : « 19 avril 1917. Vers 10 heures du matin, nous entendons des cris et du bruit dans la rue principale de Crugny. Je sors et je vois 150, 200 hommes, des fantassins criant « A bas la guerre, vive la paix » Tous ont fait partie de la malheureuse offensive du Chemin des Dames. Ils se dirigent vers l’état-major, les habits encore tachés de boue et de sang.  » à morts les traîtres, les généraux incapables, à bas la guerre, vive la paix ! ».

 

Ils lancent des pierres contre les volets clos de la bâtisse. Duchesne tente de parlementer mais en vain, les cailloux tombent de plus belle. Et puis soudain plus rien. Fatigués, les soldats se retirent. Quelques heures plus tard les gendarmes sont là, les permissions annulées et quelques protestataires emmenés. Je n’ai jamais rien vu de pareil, que va-t-il se passer, j’ai peur que du sang soit versé, du sang, français, hélas. » George Durand chef de poste radio de la 10ème armée. »

Alors au-delà de ce témoignage poignant, retenons quand même qu’à Crugny des soldats français se sont révoltés, à bout de nerfs de sueur et de sang.

Les insoumis de 17 c’est aussi ça la Grande guerre.