
Courville
Arpentons la vallée de l’Ardres.
C’est tout simplement somptueux , les collines, les vallons entremêlent leurs étoffes dorées. Ici, le morne horizon de la plaine champenoise laisse place à la blondeur des blés qu’un peintre improbable aurait mouchetés de vert comme autant de futées.
C’est splendide, vous dis je ! A pieds, suivons alors le cours de la rivière : l’Ardres. Elle nous fait zigzaguer au gré de son humeur, nous invitant à la découverte à chacun de ses détours. Alors laissez-vous conduire de méandres en méandres et ainsi tomber nez à nez avec Courville et son église.
Courville du latin Curva villa c’est-à-dire la ville dans la courbe. Une courbe, un arc qui dans le passé n’avait pas tout à fait la même allure paisible qu’aujourd’hui. En effet, Courville comme les villages de Sept saulx, Betheniville et Cormicy, abritait une puissante forteresse.
Une citadelle dédiée à la défense des territoires de l’archevêque de Reims. A l’époque médiévale, le saint homme était pratiquement le 2ème personnage du royaume de France. Son domaine était vaste et riche mais totalement entouré par le comté de Champagne.
Et vous savez bien comment sont les hommes : l’herbe est toujours plus verte chez le voisin. Nécessité était donc pour l’archevêque de défendre son bout de gras. Et pour cela, quoi de mieux qu’une bonne vieille forteresse à Papa. Résultat : Courville étant à la limite du domaine et surtout dans une situation de force – sur un site difficilement prenable pour un éventuel assaillant – on lui a flanqué tour, créneaux et autres mâchicoulis.
Une forteresse immense donc qui communiquait par une passerelle fermée avec l’église de la commune. Une église où d’ailleurs était aménagée au-dessus de la nef une chapelle privée. Bref la citadelle de Courville semblait intouchable, du moins par les hommes, symbole de la gloire et de la puissance des prélats rémois. Une puissance qui fut la dernière bouée de sauvetage du Cardinal Mazarin, régent du petit Louis XIV.
En effet, dans les 1650 et des brouettes, une partie de la noblesse se révolte contre pouvoir royal : c’est la fronde. Je vous épargne les détails mais le fait est que Mazarin se trouve alors piégé dans la région, cerné de toutes parts.
Et c’est à Courville, chez son ami l’archevêque de Reims, qu’il vint se réfugier. On prétend même qu’il venait souvent prier dans la petite chapelle archi-épiscopale.
Alors, au détour de l’Ardres, arrêtez vous à Courville, une citadelle, une double église, Mazarin, ça vaut le coup de s’y poser…