
Anglure
Etrange commune de la plaine marnaise aux confluents de toutes les cultures. Anglure de Angluria en 1128 littéralement le village des Angles.
Les Angles : peuple barbare de Germanie dont certains membres se seraient perdus sur ces terres crayeuses. Ou alors Anglure d’anguli villaré, le village de l’angle.
Celui des rivières : Saudoi et Aube, promesses de terres fertiles. À l’origine possession du diocèse de Troyes, c’est à Monsieur l’évêque que les habitants devaient taxes et respect. Puis vint le XIIème siècle, l’époque où Anglure quitte le girond épiscopale pour celui d’un certain Ogier de Saint Chéron que la postérité retiendra comte le d’Anglure. Un homme dont la vie aurait pu très bien se perdre dans les arcanes de la généalogie s’il n’avait pas été le héros d’une histoire comment dire… extraordinaire. Nous sommes donc au XIIème siècle.
À cette époque, Jérusalem, domaine franc, est reprise par les musulmans et Saladin leur chef tout puissant. Bien décidés à reprendre la ville sainte, les royaumes chrétiens d’occident déclenchent alors la troisième croisade. À leur tête Richard Coeur de Lion, le roi anglais, et Philippe Auguste, roi de France. Derrière eux, nombre de jeunes seigneurs les accompagnent, en quête de richesse, de gloire et d’aventure.
Ogier d’Anglure en fait partie. Au terme d’un périlleux voyage durant lequel il dut lutter contre les pillards et la maladie, Ogier et l’armée croisée arrivent enfin devant les murs de la citadelle de Saint Jean d’Acre en Galilée. Un siège long et pénible s’entame. Un siège ponctué de quelques offensives plus ou moins hasardeuses. Et c’est lors de l’une d’elles qu’Ogier est fait prisonnier. Une rançon étant demandée contre sa libération.
Mais voilà, problème : Ogier n’avait pas de monnaie sur lui. Alors il alla directement demander à Saladin la permission de rentrer sur ses terres pour collecter la somme. Et aussi extraordinaire que cela puisse paraître, le grand chef lui accorda cette faveur. Ogier est donc parti, retour à Anglure et ses environs. Malheureusement, même après avoir fait les fonds de tiroirs, le compte n’y était toujours pas.
Pour autant Ogier ne s’est pas soustrait à ses responsabilités, à la parole donnée.
Il revint auprès de Saladin.
Je suis à vous seigneur !
Touché par tant d’honnêteté, le souverain éclairé lui rendit quand même sa liberté.
Tu es libre ! Mais à cela je pose trois conditions : tu devras apposer un croissant de lune sur tes armes.
Tu devras construire trois monuments musulmans sur tes terres et enfin tous les fils aînés de ta lignée devront porter mon nom
Le pacte fut conclu et respecté. En attestent la tour arabisante de Clesles, les armoiries flanquées du fameux croissant et le dernier descendant de la maison d’Anglure : Bernard Saladin d’Anglure , professeur d’anthropologie au Canada.