Coupeville

Coupeville

7 janvier 2015 0 Par lechampenois

Dans la Marne, au coeur d’un petit vallon, un village. Un village blotti au fond d’une cuvette, cuppa en latin. Un village traversé par deux chemins paralléles et une riviére : la Moivre.

Son nom Coupeville.

Nous sommes en pleine Champagne pouilleuse. Du haut de ses neuf siècles, l’église gothique, encore vaillante, protège ses ouailles. C’est une petite commune agricole et rurale. Bref un petit coin de campagne comme l’aiment aujourd’hui les citadins épris de verdure et de tranquillité.

Et là je dis, stop ! Oui stop ! Amis des villes, n’allez pas croire que cette campagne là rime automatiquement avec grand air, nourriture saine et réveil-matin à plume. Non ! Ici la Champagne est crayeuse. On marche dessus, on la respire, on la travaille. Bref, la craie est partout, elle affleure même. La couche de terre cultivable était si fine par endroits que les agriculteurs devaient parfois parcourir plusieurs kilomètres avant d’arriver aux champs.

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Une étrange procession quotidienne qui faisait dire aux anciens que le temps d’arriver, les chevaux étaient déjà fatigués. Mais bonne fatigue ou pas, vaille que vaille, la charrue devait mordre, saigner la terre à grand renfort d’huile de coude. Sans compter non plus avec le ravitaillement, le foin le picotin d’orge et l’eau. Une véritable logistique.

Et puis il y avait aussi le problème de l’eau, pas de l’eau à boire mais de l’eau du ciel. Une eau qui par fortes pluies ravinait les quelques centimètres de terre, ne laissant derrière elle que la craie stérile. Et oui ! On dit souvent que la Champagne est plate. Certes de loin, on ne peut pas dire que ce soit accidenté mais de plus près, à bien y regarder, ce n’est qu’une succession de creux et de bosses.

Pas de quoi couper l’horizon mais juste assez pour éliminer le gagnepain des Coupévillots. Hostile la nature !

Aujourd’hui, bien sûr, à Coupéville comme ailleurs les choses ont changé. Les tracteurs et les engrais ont augmenté les revenus et diminué le nombre de cultivateurs. Finies les longues marches derrière les bêtes.

Mais n’oublions pas quand même que les anciens de Coupéville devaient chaque jour quitter leur cuvette, traverser la Champagne pouilleuse, gagner pour au final, quelques arpents de mauvaise terre.