Abbaye de la Charmoy
L’abbaye de la Charmoye (La Charmoye-aux-bois) est située dans les bois de charmes, pas loin des sources du Surmelin, sur le territoire de la commune de Montmort.
D’après une charte de Henri le Libéral, comte de Troyes, elle fut fondée par des moines venus de l’abbaye de Vauclair au sud de Laon. Abbaye de l’ordre de Cîteaux, ces frères s’installèrent dans le fond d’une vallée arrosée par le ru Moret, dans une clairière qu’ils défrichèrent pour y construire l’abbaye. Ce serait le comte de Troyes qui aurait donné le terrain et qui dota ce nouveau monastère des fermes du Jard et de Bétin achetées à l’abbaye du Reclus, elle-même fille de Vauclair, ainsi que de plusieurs autres biens acquis auprès de la collégiale Saint-Martin d’Épernay.
De nombreuses donations des seigneurs de la région affluèrent très vite comme le prouve la bulle de confirmation du pape Alexandre III de 1178, qui recense les dons d’Émeline de Sens, du vicomte de Mareuil, de Guy de Châtillon, de Héloïse, épouse du prévôt de Montmort.
Saint Bernard y fut envoyé comme abbé avec quelques religieux. Au fil des temps, l’abbaye de la Charmoy prospéra et disposa rapidement d’un riche patrimoine dispersé entre Vertus et Épernay et au mois de mai 1268, l’abbé acheta 55 arpents dans la forêt de la Charmoye pour une somme de 109 livres fortes de Provins
Outre les droits de justice qu’elle possédait sur ses terres, l’abbaye de la Charmoye disposait de la moitié des dîmes de Blossières au territoire de Vélye (don d’Émeline, dame de Chevigny, en 1200), des dîmes de Lucy (don de Jacob, évêque de Soissons, en 1235) et d’une partie des dîmes de Montfélix (1227).
Les renseignements manquent pour connaître l’histoire de l’abbaye dans les siècles qui suivirent , mais nous savons qu’en 1294, Philippe le Bel l’exempta des charges de guerre et que Louis XI prit cette abbaye sous sa protection. Le monastère ainsi que sa maison de Vertus furent sérieusement endommagés au cours des guerres de Religion, et finalement, elle n’atteignit jamais l’éclat des abbayes voisines et en 1699, elle ne comptait plus que 7 religieux et un oblat. En 1789, l’abbaye se composait de six religieux et d’une quinzaine de personnes attachées à son service. En 1637, elle valait24 ducats d’or, 5000livres en en 1729 et 8,659 livres en1751.
Il ne reste aujourd’hui de l’ensemble abbatial qu’une partie du bâtiment conventuel érigé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle puisque l’abbatiale et le groupe monastique furent détruits après leur vente. Un plan dressé en 1790 nous restitue l’allure générale du site de la Charmoye ainsi que les dimensions de l’église qui mesurait 74 mètres de long, 54 mètres de large au transept et 17,50 mètres de haut. La nef avait quatre travées et le chevet était plat comme il était d’usage dans l’architecture cistercienne du XIIe siècle.
