
Le Mesnil sur Oger
Un Mesnil en patois, c’est une petite maison à peine plus grande qu’une grange avec un lopin de terre autour. Et comme des Mesnil il y en a beaucoup (plusieurs centaines rien qu’en France), il a fallu une précision pour désigner ce domaine agricole entre Vertus et Oger.
Ce fut donc le Mesnil les Vertus avant la révolution puis sur Oger par la suite. Une interaction, des rapports entre villages qui vont bien plus loin qu’une simple histoire de nom. En effet, si le Mesnil a besoin de ses voisins pour être situé sur une carte, il en a également besoin pour son eau. Pas de source au Mesnil.
Les habitants ont donc du s’approvisionner chez les proches vertusiens, à la source Saint Martin, celle qui « jaillit » sous l’église.
Alors si au Mesnil sur Oger on n’a pas d’eau, on a en revanche du caractère. J’en veux pour preuve la révolte des femmes de la commune.
A la fin du XVIIIème siècle, certains petits seigneurs des environs réclamaient impôts et taxes impayés à la population du Mesnil. Saisissant la justice pour réclamer leur dû. Ayant gain de cause, ils n’en étaient pas pour autant rétribués. Pas la moindre pièce ne venait du Mesnil. A tel point qu’il fallut faire venir les gendarmes pour faire respecter les différentes décisions de justice.
L’heure de « l’intervention » ne fut pas choisie au hasard : en pleine journée lorsque les hommes étaient aux champs ou dans les vignes. Seules et accompagnées de leurs enfants, les femmes n’opposeraient qu’une faible résistance.
Mais voilà, il y a la théorie et la pratique. Et en pratique ce jour là, le comité d’accueil féminin du Mesnil sur Oger n’eut aucun scrupule à recevoir les forces de l’ordre à coup de fourche, cendre et autre chaux vive. Autant vous dire que la retraite des gendarmes fut sonnée rapidement devant cette escouade en jupon bien décidée à ne pas livrer ses économies sans résister. Il fallut donc une seconde intervention dans les jours suivants.
Plus nombreux, mieux équipés et surtout préparés à l’affrontement, les gendarmes eurent rapidement le dessus sur les femmes du Mesnil. L’argent fut prélevé comme la justice l’exigeait et les meneuses de la révolte emprisonnées à Reims où elles furent gardées près de deux ans. Depuis ce jour, les habitants du Mesnil sur Oger sont surnommés les « têtes amboulées », les insoumis si vous préférez…



